Dans ces conditions comment pourrait-on même parler de nouvelle ruralité ? Quoi de neuf sous le soleil de nos vertes prairies aujourd’hui, me direz-vous ? Et d’ailleurs faut-il même y songer, l’évoquer, le souhaiter ? Les urbains jusqu’au bout des ongles diront qu’ils sont bien ainsi. Les ruraux qui veulent préserver leur terre et leur « chez eux » peuvent manifester, craindre l’artificialisation des sols, une certaine forme de dénaturation de leurs espaces et modes de vie.
Sauf que le statu quo ne semble pas faire le bonheur de tous ? Si la ville est formidable pour ceux qui ont les moyens de se l’offrir, elle reste difficile à vivre pour ceux qui ne peuvent accéder à ses charmes.
Sauf qu’un virus est passé par là, il a arrêté la marche du monde. Les avions ont replié leurs ailes, les bateaux ont resserré leurs amarres, les trains sont restés à quai et les voitures au garage pendant que derrière nos écrans on nous montrait un sanglier se balader dans les rues de Barcelone, ou encore un requin-pèlerin s’aventurer dans le port de Brest. Situation étrange ! Chacun chez soi, enfermés dans quelques mètres carrés, nous nous sommes retrouvés avec nous-mêmes, avec ce sentiment que nous avions peut-être construit notre propre prison, une prison moderne aux quelques mètres carrés plus ou moins grands, plus ou moins nombreux, c’était selon, selon qu’on avait le privilège ou non d’être installés à la campagne. On a appris, dans ce moment extatique, à vivre autrement avec un temps de cerveau disponible libéré en partie des agressions du quotidien et des stimulations publicitaires. Libérés des paradis artificielles, des addictions de toutes sorte, j’entends du shopping, du rythme métro-boulot-dodo…, nous avons revu notre hiérarchie des valeurs. Et puis peut-être aussi qu’on a tout simplement pris la trouille ?
Les sondages sur les aspirations de vie des français nous montraient déjà que le mouvement était enclenché mais l’épidémie sanitaire qui a frappé la planète entière a sans nul doute accéléré le phénomène